Carpe Diem...Le Jour où...

Publié le par L'amaraude


Photo perso "Nigelle de mon jardin"

Je dédis ce texte à Aika, à Eric et à tous ceux qui ce soir ont le moral en berne...


Il pleuvait je crois ce jour là. Un temps de chien comme on n'en fait qu'ici, dans ce pays de craie.
Il pleut toujours d'ailleurs quand on va mal, mais c'est en dedans que se passe le déluge, en dedans que les larmes se perdent.

C'était peut être le jour où la maladie m'a fait grandir, en fauchant dans notre famille un petit ange de 7 ans. J'en avais 9 et venais d'apprendre"l'absence" . Baignée dans le silence, puisque les "grands"n'osaient rien dire, j'ai compris trop vite et trop petite combien la vie était éphémère...

C'était peut être cette autre fois où j'ai pleuré en silence. Enfermée dans les toilettes, à attendre que la crise passe. Lui était saoul, elle criait, ma peur et moi étions scotchées. Chasser le souvenir et ne plus entendre ces mots...jamais.

C'était hier. J'étais enceinte. Mon tout petit allait naître dans quelques mois. Il prenait déjà toute la place et dans mon ventre et dans nos vies.Il restait 4 mois à attendre.4 tous petits mois. Il restera toute une vie à regretter que son grand père ne l'ait jamais connu...

C'était un jour banal. Une idiote consultation chez l'orl que j'aurais pu reporter.Annuler même puisque je ne savais même pas pourquoi je venais. Et puis,face à 34 ans,le gentil docteur a pris un air contrit, une mine dépitée. Je n'ai d'abord rien compris....Normal me suis-je dit ensuite. J'ai su ce jour-là que j'avais perdu 40% d'audition et que cela n'allait pas s'arranger....

Il y a eu ce jour là aussi. Jour redouté, hélas renouvelé. Ce jour maudit où le téléphone a sonné trop tard, pas à la bonne heure. A l'heure où d'ordinaire je ne suis déjà plus au bureau. Pour m'annoncer la mort d'un ami trop jeune, d'un collègue trop proche, d'un être trop chouette. J'ai pris l'injustice en pleine face et sa mort en plein coeur parce que la descente avait été si longue qu'on n'attendait plus rien, ni de la vie, ni de la mort....J'ai eu ce jour là,l'impression de perdre mon père une seconde fois tant leur parcours étaient semblables...

Et puis cette fichue saloperie qui en 3 ans a touché à grands bras nombre d'êtres chers. Ce satané cancer qui n'a l'air d'épargner personne. Ok c'est bon, chacun le sien. Il a pris trop vite, trop tôt les années de bonheur de mes petits auprès de leur papy. Il a bousculé le bonheur de mes proches sans le moindre remord ! Il a instauré la crainte. Inévitablement. En plein coeur de la vie, il a semé le doute....

Alors voilà, il pleuvait sans doute ce jour là et pourtant... Pourtant ou"justement" j'ai voulu m'offrir tout le reste, tout ce que j'avais savourer "avant" de savoir, sans me douter que les choses étaient si dures.
J'ai pris le bonheur là où parfois il n'était même pas. J'ai regardé la couleur des choses à nouveau, après avoir des années durant fermé les yeux. J'ai respiré tous les parfums que je ne sentais plus et m'en suis enivrée. J'ai décidé de ne plus pleurer sur le sort du monde et au contraire de ne plus voir que les bonnes choses. Au début je n'ai rien vu...que le noir.
Et puis...

Et puis j'ai pris l'appareil photo pour voir les choses de plus près. J'ai pris des sourires. J'ai écouté uniquement les gens gais et rieurs. J'ai savouré le temps pris auprès des autres, la beauté des paysages.
J'ai nié ce qui me faisait mal pour me gaver du reste. J'ai censuré la souffrance et mes peurs pour exacerber le reste. J'ai écrit. Ecrit jusqu'à l'overdose. Et enfin j'ai profité....de tout, même de mes illusions.

 

Publié dans Les p'tites pognes

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S
Encore un texte qui me procure une foule d'émotions... un de plus me diras tu... <br /> Enormes bisous ma Lady,<br /> Syl
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M
Tirer parti de l'adversité à l'air bien simple mais en fait peu aisé! Le courage dont tu fais preuve dans ton bel écrit me donne le coup de pied aux fesses qu'il me fallait... Je trouve la vie plutôt moche en ce moment! ;)
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B
Je me suis d'abord régalé la vue de cette superbe photo de nigelle (je connaissais pas)et ensuite j'ai lu une ligne, puis deux, puis je n'ai pas su m'arrêter...C'est très joli ce que tu écris..Et tu as raison,il ne faut pas se complaire dans son malheur..Gros bisous, Sabineb
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L
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M
J'viens de ton trouver ton blog, à travers, des commentaires, et je suis tombé sur cette foto... C à couper le souffle.. Bravo elle est superbe. Sweet
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