Entre l'Avant et le Trop Tard...
Eric, le hasard a fait ce soir que ta photo vienne servir mon texte...mes souvenirs et mon humeur.
Merci à toi...ptit frère,
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J'ai failli m'asseoir. J'ai failli balayer la neige comme autant de souvenirs et aller me percher sur un bout du temps, sur un bout du banc.
Et puis... Et puis je n'ai pas sû de quel côté aller poser l'attente. Du côté du passé, du côté de l'après? Je me suis trouvée entre deux certitudes, celle du bonheur vécu et celle de l'avoir perdu, ou peut être égaré et l'idée de m'asseoir du côté de demain comme d'hier m'a fait tout autant de mal.
Et pourtant. Pourtant je me suis mise à penser que le manque de ce qu'on a aimé, de ce qui nous brûle au ventre comme aux heures heureuses, ce manque c'est aussi tout le reflet, toute la mesure d'un plaisir. C'est dans l'absence que l'on retrouve un parfum pour se souvenir, un geste pour chavirer, un corps entre ses doigts.
C'est surprenant comme à se souvenir, à vouloir entendre un rire en substance peut procurer tant de peine, d'évoquer une ancienne caresse semble creuser les blessures et comme le goût même d'un baiser donne à nos larmes un goût amer. Se souvenir.... Et ne plus savoir où s'asseoir. Ou poser son chagrin quand on pensait ne plus y goûter. Et se trouver bien emprunté d'en avoir soudain plein les bras.
Rester bêtement à regarder passer les gens et les laisser s'approcher. Les deux là-bas,insolemment amoureux, étonnament heureux vont bien finir par se lasser de tant d'accolades, de tant de baisers volés. Rester bêtement à voler leurs secrets, à voler un brin de leur bonheur, dont on se fout d'ailleurs, puisqu'on se fout de tout...
On voudrait juste savoir où s'asseoir pour ne pas avoir l'air surpris. Pour ne pas que le temps passe, comme ça, en balayant tout.
Je regarde tomber la neige, tomber mes larmes, tomber mes étoiles sur le pavé. Non d'ailleurs, il n'est pas tombé d'étoiles, pas plus qu'il n'est tombé de soleil. Il y a juste, ce quelques chose sur ce banc, je le vois, qui m'empêche en fait de m'asseoir.
Il y a....un fatras de souvenirs qui s'étale entre hier et demain, un tas de rires et de douceurs qui se répandent dans la neige. J'ai peur d'aller tout ramasser, peur de faire trop de place sur le banc.
Je vais laisser tout ça là, et les amoureux se bécoter.
Je reviendrai demain, quand la neige aura fondu... Et je marcherai droit entre hier et demain, là, juste où se faufile sur le trottoir les premiers rais de soleil....